« Il ne suffit pas de commémorer l’abolition, il faut combattre ce qui la rend toujours inachevée. »
Le 23 août marque la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, instaurée en 1998 par l’UNESCO.
Cette date fait référence à la nuit du 22 au 23 août 1791, à Saint-Domingue (actuelle Haïti), où les esclaves se sont soulevés contre le système esclavagiste colonial français.
Cette insurrection a été le point de départ d’une révolution victorieuse, qui aboutira en 1804 à la création de la première République noire indépendante, née de l’abolition arrachée par les esclaves eux-mêmes.
Rappel des faits : une entreprise industrielle de mort
- Entre le XVe et le XIXe siècle, plus de 13 millions d’Africain·es ont été déporté·es à travers l’Atlantique.
- 2 millions de captifs sont morts en mer, dans des conditions inhumaines.
- Des millions d’autres sont morts dans les plantations, exploités, mutilés, violés.
- La France a déporté plus de 1,3 million de personnes dans ses colonies.
- À l’abolition en 1848, les colons ont été indemnisés, pas les esclavisé·es ni leurs descendants.
- L’esclavage n’a jamais été réparé.
Une mémoire qui oblige à l’action
Cette journée ne peut être une simple commémoration : elle appelle à dénoncer la continuité des systèmes de domination.
Aujourd’hui encore, les peuples jadis réduits en esclavage vivent les conséquences d’un monde structuré par :
- Le néolibéralisme, qui perpétue le pillage des ressources africaines,
- Le néocolonialisme, qui maintient une tutelle économique et militaire sur les pays du Sud,
- Le racisme systémique, qui sévit dans les institutions, les écoles, la police, les frontières,
- L’effacement historique, qui minimise les résistances noires et protège les figures de l’oppression.
Ce que nous affirmons :
- La traite et l’esclavage sont des crimes contre l’humanité.
- Il n’y a pas de mémoire juste sans justice. Pas de reconnaissance sans réparations.
- L’enseignement de cette histoire doit être complet, honnête, décolonisé.
- Les formes contemporaines de domination — économiques, politiques, culturelles — doivent être combattues.
- La solidarité avec les luttes des peuples afrodescendants est un engagement antiraciste, anticapitaliste et anti-impérialiste.
Se souvenir, c’est lutter.
Commémorer, c’est refuser.
Honorer, c’est réparer.
Nous ne voulons pas d’une mémoire muséifiée.
Nous voulons une mémoire vivante, insoumise, et tournée vers la justice.
Le 23 août 2025