Les récents propos de Pierre Ménès sur TVLibertés — « il y a onze Noirs » en équipe de France — ne relèvent pas d’un simple dérapage. Ils s’inscrivent dans une vision raciste et identitaire du sport et de la société. En réduisant la présence de joueurs noirs ou maghrébins à une anomalie, Ménès alimente l’idée que certains Français seraient “de trop”.
Or, ce n’est pas la diversité qui pose problème. C’est le racisme.
Une réalité chiffrée
Le racisme en France est massif, documenté et structurel :
- En 2023, plus de 70 % des actes racistes recensés visaient des personnes noires, arabes ou perçues comme telles (Ministère de l’Intérieur).
- Les personnes perçues comme noires ou arabes ont 20 fois plus de risques d’être contrôlées par la police que les autres (Défenseur des droits).
- Dans le monde du travail, à compétence égale, un candidat portant un nom à consonance maghrébine a 30 % de chances en moins d’obtenir un entretien.
Ces chiffres ne relèvent pas du “ressenti”. Ils confirment un système d’exclusion qui touche massivement les héritier·es de l’immigration postcoloniale.
Le football, miroir de la société
L’équipe de France, populaire et métissée, est un symbole fort de ce que la République peut être : diverse, vivante, ouverte. Sans les enfants des quartiers populaires, sans les enfants de l’immigration, la France n’aurait pas gagné les Coupes du monde de 1998 et 2018. Leur contribution est une richesse, pas une menace.
Réduire ces joueurs à leur couleur de peau, comme le fait Pierre Ménès, c’est nier leur humanité, leur citoyenneté, leur légitimité. C’est trahir les principes mêmes de la République.
Une parole publique contaminée par l’extrême droite
Que Ménès choisisse de tenir ces propos sur TVLibertés, une chaîne d’extrême droite se revendiquant de la « civilisation européenne », n’est pas un hasard. Il participe à la normalisation d’un discours identitaire, raciste, qui vise à préparer idéologiquement l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National.
Cette rhétorique progresse, sur les plateaux, dans les discours politiques, dans les urnes. Elle ne doit plus être banalisée.
Une France populaire, diverse et digne !
Il ne s’agit pas seulement de répondre à une provocation. Il s’agit de défendre une idée de la France. Une France qui n’a pas peur de ses couleurs, de ses accents, de ses racines multiples. Une France où l’égalité ne reste pas un mot vide.
Non, il n’y a pas “trop de Noirs” dans l’équipe de France.Oui, il y a trop de racisme dans la société. Et ce n’est pas la diversité qui abîme la République — c’est l’exclusion.
Le 5 septembre 2025