COLLEGE ELSA TRIOLET EN COLERE : « Nous attendons urgemment une réponse des pouvoirs publics au risque sinon d’agir massivement et avec détermination. Nous refusons le sacrifice annoncé de nos élèves en difficulté ! »..Bally BAGAYOKO

Déclaration du collège Elsa Triolet – 93 en colère

Lettre ouverte à M. Hanotin, député de Seine-Saint-Denis
À Saint-Denis, l’éducation prioritaire n’a de prioritaire que le nom !

Vous écriviez en janvier 2014 sur votre site, à propos de la réforme de l’Education prioritaire, que « la réduction des inégalités sociales et territoriales est l’une des priorités du gouvernement », vous vous engagiez « à être aux côtés des élèves, des parents d’élèves et des enseignants pour que cette réforme soit une réussite pour nos enfants. » Force est de constater que trois ans après ces belles déclarations, les moyens accordés à l’éducation en Seine-Saint-Denis restent encore très en-deçà des besoins.

Que s’est-il passé pendant ces trois ans pour un collège comme le nôtre, le collège Elsa Triolet à Saint-Denis ?

– D’abord, les personnels ont dû mettre en oeuvre la réforme du collège : alors que la réussite de nos élèves nécessite plus d’heures en demi-groupe et des effectifs par classe moindres, pour la rentrée 2017, notre établissement ne dis­pose que de 4 heures « complémentaires » au titre de l’« éducation prioritaire », soit 0,4 % de notre dotation horaire totale ! 4 heures par semaine pour près de 570 élèves, soit 30 secondes par élève et moins de 9 minutes par classe : voilà les moyens accordés pour la politique d’éducation prioritaire ! De plus, les parents d’élèves et les personnels du collège ont découvert que le nombre d’élèves pour la prochaine rentrée a été largement sous-évalué, ce qui aura pour conséquence la suppression de deux classes. A la rentrée 2017, on comptera 26,6 élèves par classe en 4e et 24,6 élèves par classe en 3e alors même que les seuils d’effectifs par classe étaient jusqu’alors de 24 élèves par classe.

En résumé : la mise en oeuvre de cette réforme n’a eu pour principal effet que de justifier la disparition des moyens consacrés à l’Éducation prioritaire.

Par ailleurs, depuis vos déclarations en janvier 2014 et les annonces de Mme Najat Vallaud-Belkacem sur l’éducation prioritaire, le gouvernement n’a eu de cesse de faire des économies sur le dos des enfants de Seine-Saint-Denis. Pas étonnant que, selon le rapport du Cnesco paru en septembre 2016, l’école française contribue à amplifier les inégalités sociales.

Concrètement, au collège Elsa Triolet :

– Notre infirmière intervient auprès de 2 200 élèves.
– Nous n’avons qu’un poste de professeur-documentaliste (ce qui limite les possibilités d’ouverture et d’activité du CDI), là où les collèges de même taille en on deux.
– On compte en moyenne un assistant d’éducation pour 93 élèves, ce qui est largement au-dessous de la moyenne générale à Saint-Denis et même en Seine-Saint-Denis, alors que nous sommes en REP.
– A la rentrée 2017, nos classes de 4e et de 3e seront surchargées : est-ce cela l’éducation prioritaire dans un collège où une majorité de nos élèves est dans une situation sociale défavorisée où un élève sur deux est « orienté » en lycée pro après la 3e ?

Enfin nous avons appris la disparition des classes d’accueil dans le 93, nos élèves nouvellement arrivés en France seront intégrés directement dans des classes ordinaires en surnuméraire sans que ceux-ci soient comptés dans les effectifs de classe et sans avoir bénéficié d’un dispositif adapté à leur apprentissage du français.

En juin 2015, vous dénonciez l’absence de politique de réduction de la pauvreté en France alors que 30 % des enfants vivaient sous le seuil de pauvreté, or la lutte contre les inégalités sociales passe par une politique scolaire ambitieuse qui nécessite des moyens : nous attendons toujours ces moyens.

Aujourd’hui, un collège d’un arrondissement aisé de l’Ouest parisien ou un collège du centre-ville de Bordeaux ont plus de moyens qu’un collège de Seine-Saint-Denis.
Sommes-nous, une fois de plus, condamnés à organiser des actions de grève et de blocages pour nous faire entendre ?

Nous attendons urgemment une réponse des pouvoirs publics au risque sinon d’agir massivement et avec détermination. Nous refusons le sacrifice annoncé de nos élèves en difficulté !

Parents et personnel du collège mobilisés
contacts : trioletparentseleves@yahoo.fr
elsa.triolet93@yahoo.fr

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