Fin de la 2G et 3G : halte à la fuite en avant technologique sans conscience sociale !
La disparition programmée de la 2G d’ici décembre 2026, et celle de la 3G à partir de 2028, présentée comme une avancée « naturelle » vers la 4G/5G, s’inscrit une fois de plus dans une logique de modernisation imposée par le haut, sans considération pour les conséquences humaines et sociales.
Ce choix, dicté avant tout par des intérêts économiques — réduction des coûts d’exploitation, optimisation du spectre, obsolescence industrielle organisée — est l’illustration parfaite de l’obsolescence programmée à l’échelle d’une société entière. Des millions d’équipements encore fonctionnels (ascenseurs, téléassistance, alarmes, dispositifs médicaux…) deviendront obsolètes, non parce qu’ils sont défaillants, mais parce qu’on aura décidé qu’ils n’avaient plus leur place dans l’économie du « tout dernier cri ».
Dans nos quartiers populaires, où les ascenseurs sont déjà régulièrement en panne faute d’entretien, cette décision prend un caractère brutal, presque cynique. Qui sont les premiers à subir les conséquences de ces interruptions ? Les personnes âgées, en situation de handicap, les malades, les parents avec poussettes, les personnes isolées. Celles et ceux que le système technocratique oublie déjà.
En tant qu’ancien vice-président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, délégué à l’aménagement numérique, je sais combien la fracture technologique croise la fracture sociale. Et je sais aussi que cette transition ne pourra pas se faire en deux ans dans des conditions acceptables :
→ Parce que le nombre de techniciens qualifiés pour effectuer la migration des équipements est aujourd’hui largement insuffisant.
→ Parce que le tissu des bailleurs, syndics, copropriétés, collectivités n’est ni coordonné, ni préparé.
→ Parce que les habitants eux-mêmes ne sont pas informés.
Face à cela, je demande un moratoire sur l’arrêt de la 2G en 2026. Il est urgent d’ouvrir un débat national sur cette transition technologique, d’en évaluer les impacts réels, de prendre le temps de la mise à niveau sans précariser encore plus les populations déjà fragiles.
Et surtout, cette situation appelle un véritable plan de relance de la filière technique, avec des milliers d’emplois à la clé. Plutôt que de tout sous-traiter au privé dans l’urgence, formons, embauchons, stabilisons des techniciens du numérique, des installateurs, des mainteneurs. Faisons de cette transition un levier d’emploi utile, et non un casse-tête de plus pour les territoires abandonnés.
La modernisation ne peut pas être un prétexte à l’accélération des inégalités.
La technologie doit être au service du progrès social, pas de la sélection par le portefeuille.
Le 20 août 2025