En 2024, le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) a recensé 1 037 actes islamophobes en France, après analyse juridique, soit une hausse de 25 % par rapport à 2023 (828 actes). Parmi ces faits, 76 % concernent des femmes, confirmant que les femmes musulmanes, souvent voilées, restent les premières cibles. Le port du voile est explicitement cité comme motif dans 402 cas. Entre janvier et mai 2025, les actes antimusulmans recensés ont bondi de 75 % par rapport à la même période en 2024.
Ces chiffres ne sont pas des abstractions. Ils témoignent de violences — symboliques, institutionnelles ou physiques — infligées à des personnes qui souhaitent simplement vivre selon leurs convictions. À Saint-Denis, nous n’oublions pas les propos racistes de l’ancien directeur de cabinet du maire, qui a qualifié une administrée de « chauve-souris » simplement parce qu’elle portait un voile. Ces paroles sont révélatrices de logiques racistes et sexistes encore présentes dans nos institutions.
Attaquer une femme pour son voile, c’est nier son droit fondamental à la liberté de conscience, imposer un uniforme moral et stigmatiser un visage, une culture, une histoire. Ces violences perpétuent des logiques patriarcales, racialistes et néocoloniales, qui cherchent à contrôler les identités et à exclure celles et ceux perçu·e·s comme « hors norme ».
Dire non à ces violences, c’est affirmer qu’une véritable laïcité n’est pas l’exclusion ou l’uniformité, mais la protection de la pluralité des existences — dans le respect des différences, des croyances et des héritages. Refuser qu’une partie de la population soit assignée au silence, à l’effacement ou à la peur est un impératif moral et politique.
À toutes les femmes voilées et à toutes les personnes musulmanes — ou perçues comme telles —, souvent seules face à la stigmatisation : vous n’êtes pas seul·e·s. Nous sommes à vos côtés. Votre lutte est celle de toute société qui veut rester fidèle à l’idéal d’égalité, de dignité et de justice.
Nous exigeons des actions concrètes : des politiques effectives contre le racisme et l’islamophobie, une reconnaissance institutionnelle réelle, et la garantie que chacun·e puisse vivre librement et dignement. Jusqu’à ce que disparaissent les chiffres, jusqu’à ce que cesse la haine, jusqu’à ce que triomphe la dignité.
Le 26 novembre 2026





