Le député Éric Coquerel a récemment déposé une proposition de loi visant à interdire la multipropriété des clubs sportifs, notamment dans le football professionnel. Une mesure de justice et de bon sens, dans un contexte où les clubs deviennent les jouets de groupes financiers internationaux.
Aujourd’hui, plusieurs clubs français sont détenus ou contrôlés par des groupes étrangers qui possèdent également d’autres clubs en Europe ou ailleurs :
- Strasbourg, propriété du consortium américain BlueCo, également propriétaire de Chelsea (Angleterre).
- Lorient, détenu à 33 % par Bill Foley, également propriétaire de Bournemouth (Premier League).
- Nice, sous le contrôle d’Ineos, également actionnaire de Lausanne-Sport (Suisse).
Ces opérations représentent des transactions à plusieurs centaines de millions d’euros. À titre d’exemple :
- Le rachat de Strasbourg par BlueCo : environ 75 millions d’euros.
- Le groupe City Football Group (Manchester City), valorisé à plus de 4 milliards d’euros, contrôle à lui seul une dizaine de clubs sur plusieurs continents.
Ces montants démesurés révèlent un football financiarisé, devenu une industrie d’arbitrage économique et géopolitique. Les clubs ne sont plus des projets sportifs et sociaux, mais des actifs spéculatifs, gérés selon les logiques des fonds, au mépris des territoires et de leurs habitants.
Pendant ce temps, dans les quartiers populaires…Les inégalités territoriales en matière de sport sont flagrantes :
- 1 enfant sur 2 en QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville) ne pratique pas d’activité physique régulière.
- Près de 40 % des équipements sportifs en QPV sont en mauvais état ou obsolètes.
Les clubs amateurs sont étranglés par la baisse des subventions, alors qu’ils assurent l’essentiel du lien social, de l’encadrement et de la prévention.
Selon l’Agence nationale du sport, un plan de rattrapage de 1 milliard d’euros sur 5 ans serait nécessaire pour rénover et construire 5 000 équipements sportifs de proximité dans les territoires oubliés.
Nous sommes face à un choix de société :
- Continuer à laisser des milliards circuler dans les hautes sphères du foot-business,
- Ou réinvestir dans le sport du quotidien, dans les quartiers, dans les clubs, dans les éducateurs, dans les équipements.
Le projet de loi d’Éric Coquerel répond à cette urgence.
Il propose :
- D’interdire la multipropriété de clubs dans la même discipline, y compris au niveau international,
- De renforcer le rôle de la DNCG, pour évaluer la solidité financière et l’indépendance des projets de rachat,
- De sanctionner les contrevenants par des amendes pouvant aller jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires mondial du propriétaire,
- D’exclure les clubs concernés des compétitions, en cas de conflit d’intérêts manifeste,
- De protéger le principe d’aléa sportif, socle d’une compétition équitable et crédible.
Une proposition en pleine cohérence avec les engagements de La France insoumise !
Depuis 2017, j’ai eu l’honneur de coanimer le livret Sport de notre mouvement. Nous y affirmons avec constance que :
- Le sport est un droit et un bien commun,
- Il doit être protégé des logiques de marchandisation,
- Les territoires populaires doivent être prioritairement dotés en équipements, encadrement et moyens,
- Le modèle économique du sport professionnel doit être réformé pour retrouver du sens, de la justice et de la sobriété.
Le projet d’Éric Coquerel est une traduction concrète de ces principes. Il marque une volonté claire de reprendre le contrôle, de protéger l’intérêt général contre les intérêts privés, et de remettre le sport au cœur de la République.
Notre camp est celui du sport populaire !
Celui des éducateurs bénévoles qui se battent chaque jour avec trop peu de moyens.
Celui des jeunes des quartiers qui trouvent dans un stade ou un gymnase un repère, une équipe, une espérance.
Pas celui des actionnaires invisibles, qui achètent des clubs comme on déplace des pions sur une carte.
Nous appelons à un soutien large et massif à cette proposition de loi. Pour un sport équitable. Pour un football qui reste un jeu. Pour des territoires respectés.
Le sport doit être au service du peuple, pas des profits.
Il est temps de reprendre la main.
Le 25 septembre 2025