Comment former une majorité gouvernementale avec un tel attelage ?
« La question est encore plus profonde que ça. Le PS a investi déjà 400 candidats aux élections législatives sur les 577 circonscriptions du pays. Un citoyen a fait un décompte très précis des engagements des uns et des autres. Le résultat est sans appel. Parmi les 400 candidats du PS, les deux-tiers ont été des soutiens actifs et enthousiastes de toutes les mesures des gouvernements Ayrault et Valls : traité budgétaire européen en 2012, pacte de responsabilité et crédit d’impôt compétitivité, loi Macron, loi Travail, etc. Cela représente 255 candidats. A l’inverse seuls 14% des candidats, soit une cinquantaine, ont émis des critiques régulières. Les autres ont savamment évité de prendre des positions trop claires. C’est encore plus édifiant si l’on regarde uniquement les députés sortants réinvestis ! Là, ce sont 86% des députés sortants réinvestis qui ont approuvé la ligne de François Hollande depuis 2012 ! Soit 143 députés que Benoît Hamon et le PS proposent donc de reconduire !
Comment former une majorité gouvernementale avec un tel attelage ? Est-ce avec toutes ces personnes élues ou réélues demain députés que Benoît Hamon entend appliquer son programme ? Compte-t-il réellement faire autre chose que la politique menée depuis 5 ans en s’appuyant sur ceux qui ont décidé et mis en œuvre cette politique ? Ce n’est pas crédible. Faudra-t-il espérer qu’a notre tour nous devions agir demain en monarques et recourir à son tour au 49-3 pour imposer à notre future majorité « cohérente » les mesures emblématiques de son projet comme l’abrogation de la loi El Khomri ? Ce serait un comble, non ? Faut-il alors se préparer à l’abandon programmé du projet de Benoît Hamon ?
La paralysie est déjà là. Jeudi 2 février, à l’Assemblée, le PS s’est auto-bloqué sur un sujet aussi important que l’accord de libre-échange avec le Canada. Les députés issus du Front de gauche avaient déposé une résolution exigeant un référendum en France sur ce traité. Ce traité doit être soumis au vote du Parlement européen le 15 février puis à la ratification dans chacun des États membres. La question est donc d’une brûlante actualité ! Et qu’ont fait les députés PS ? Ils se sont abstenus ! Pourquoi ? Parce qu’ils n’étaient pas d’accord entre eux ! Faut-il voir là un avant-goût de ce que serait un quinquennat à la sauce de « synthèse » qui nous est proposé? »
Jean-Luc Melenchon