Julien Dray :
« Moi j’ai été député d’une circonscription où la majorité des électeurs étaient musulmans. Ma suppléante s’appelait Fatima (Ogbi). J’avais fait exprès de la prendre pour ça. Elle me faisait des scores incroyables à la Grande Borne et dans les quartiers. »
Les propos tenus par Julien Dray sont non seulement indignes, mais aussi profondément racistes et méprisants – à l’égard de Fatima, mais également envers l’ensemble des électeurs issus des quartiers populaires. Qu’ils visent son ancienne suppléante d’origine maghrébine et musulmane rend ces mots encore plus graves : ils illustrent une pensée raciste, paternaliste et utilitariste, trop répandue au sein du Parti socialiste – et, au-delà, dans une partie de la classe politique française.
Ce n’est pas un simple dérapage. C’est la manifestation d’un mépris structurel à l’égard des habitants des quartiers populaires, des enfants d’immigrés, des Arabes, des Noirs et des musulmans. Trop souvent, ces citoyens ne sont pas considérés comme des acteurs politiques légitimes, mais comme des outils électoraux, des figures symboliques que l’on exhibe au besoin avant de les marginaliser.
Le fait que peu de cadres du Parti socialiste aient pris la parole pour condamner ces propos, et que le premier secrétaire Olivier Faure se soit simplement contenté de relayer le message de Fatima sur X, en dit long sur l’omerta et la complaisance qui règnent au sein du parti. Ce silence n’est pas neutre : il entretient la banalisation du racisme politique et révèle un profond malaise démocratique.
« Arabes, Noirs, de service » : voilà souvent comment sont qualifiés, dans les coulisses, celles et ceux qui portent pourtant haut les valeurs de la République. Les idées néocolonialistes encore présentes chez certains cadres politiques continuent de réduire ces militants et militantes à de simples marchepieds vers le pouvoir. Et, une fois usés, ils sont jetés, discrédités, parfois même rendus responsables de tous les maux de la société.
C’est précisément ce type de confusion, de racisme et de pratiques méprisantes qui alimente le découragement et la rupture entre de nombreux citoyens et les institutions politiques, qu’elles soient de gauche ou de droite. Ce vide de confiance nourrit directement la montée de l’extrême droite et la diffusion d’idées racistes et xénophobes.
Face à cela, nous voulons rappeler l’essentiel : l’engagement de Fatima est sincère, constant et courageux.Elle incarne, comme beaucoup d’autres militant·e·s, une politique du terrain, fidèle aux valeurs d’égalité, de justice sociale et de dignité humaine.
Force, honneur et courage à tous les militant·e·s au sein des formations politiques traditionnelles qui subissent, souvent dans le silence, ces pratiques racistes et discriminantes.
Le meilleur moyen de transformer cette réalité, c’est que de plus en plus de personnes héritières de l’immigration s’engagent — en politique, dans les syndicats, dans les associations, dans tous les espaces où s’exerce le pouvoir.
C’est ainsi que nous ferons évoluer non seulement la sociologie des institutions, mais aussi leur manière de penser et d’agir.
Nous devons continuer à lutter contre toutes les formes de racismes — celles qui s’expriment ouvertement à l’extrême droite et dans la droite extrême, mais aussi celles, plus sournoises, qui persistent au sein même de certains partis dits de gauche. Le combat pour l’égalité et la dignité ne connaît pas de camp : il est moral, universel et profondément républicain.
C’est cela, l’ambition de la Nouvelle France : une France antiraciste, antifasciste, anticapitaliste et profondément humaniste.
« Nous sommes les enfants d’un monde qu’on voulait taire, mais nos voix sont devenues la promesse d’une autre France : debout, diverse et indomptable. »
Le 2 novembre 2025
															







