L’intégralité des vingt otages israéliens concernés par l’accord a été remise aux autorités.
Tous sont désormais en route vers leurs familles, vers leurs proches, vers une vie qu’on leur avait arrachée.
C’est une nouvelle que l’on reçoit avec émotion, avec soulagement, avec humanité.
Je m’associe à la joie immense de ces familles, et plus largement de toutes celles du Proche-Orient qui, aujourd’hui, retrouvent un être cher.
Chaque libération est un souffle de vie dans le tumulte.
Chaque personne rendue à la liberté est une réponse à la violence par la vie, à la haine par l’humanité. C’est un rappel essentiel : la guerre ne sauve personne, mais le dialogue, lui, peut encore arracher des existences à l’effondrement.
Mais cette joie, aussi profonde soit-elle, ne doit pas masquer l’ampleur de la tragédie toujours en cours.
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 1 200 civils israéliens ont été tués dans une attaque d’une brutalité inédite. Depuis, plus de 60 000 Palestiniens ont péri, selon les derniers chiffres. Ce sont des enfants, des mères, des aînés, des familles entières prises dans les bombardements. Et aujourd’hui, plus de 90 % du territoire de Gaza est détruit ou devenu inhabitable : une ville, une mémoire, une société entière anéanties sous les décombres.
Ce désastre humain est le produit d’une stratégie politique ancienne, qui refuse la paix tout en prétendant la chercher.
Le gouvernement israélien porte une responsabilité directe dans la fragmentation du camp palestinien, ayant contribué à l’ascension du Hamas au détriment des forces politiques modérées.
Mais le Hamas n’est pas la Palestine.
Le peuple palestinien n’est ni complice ni interchangeable. Et pourtant, la confusion est savamment entretenue par le Premier ministre israélien, pour justifier des représailles massives, une punition collective, une politique impérialiste qui nie le droit des Palestiniens à l’autodétermination.
Aujourd’hui encore, un « plan de paix » est brandi — mais il ne prévoit ni élections libres pour les Palestiniens, ni reconnaissance pleine de leur souveraineté. Il ne propose aucun cadre réel pour la création d’un État palestinien viable, libre et sûr. Or, sans un avenir politique clair, d’autres tragédies surgiront. Car aucune guerre n’a jamais apporté la paix, seulement la douleur différée.
C’est pourquoi, au lendemain de ces libérations, alors qu’un moment d’apaisement est possible, nous devons redire avec force :
- Tous les prisonniers et otages, de chaque côté, doivent être libérés dans le respect du droit international.
- Chaque crime contre les civils doit être jugé — qu’il soit commis à Gaza, à Tel-Aviv ou ailleurs.
- Et surtout : la seule voie d’avenir passe par deux États, libres, égaux, vivant côte à côte, avec des droits reconnus pour tous, sans domination ni occupation.
Aujourd’hui, une brèche s’est ouverte.
Un instant de lumière au milieu du chaos.
Que ce moment ne soit pas refermé.
Qu’il s’élargisse. Qu’il devienne un passage. Qu’il devienne paix.
Le 13 octobre 2025