Ce matin, à l’aube, la mairie de Saint-Denis a hissé le drapeau palestinien sur son fronton. Un geste symbolique fort, en apparence. Mais à y regarder de plus près, ce geste en dit peut-être plus sur ceux qui l’ont orchestré que sur le message qu’il prétend porter.
Car dans cette cérémonie surprise, tout a été pensé pour la communication, rien pour la mobilisation populaire.
Aucune invitation lancée à la population. Aucun message aux collectifs engagés depuis des mois pour la reconnaissance de la Palestine. Aucune coordination avec les associations locales, ni avec les comités de soutien palestiniens, ni même avec les groupes d’opposition municipaux.
Pire encore, le député Éric Coquerel (LFI), pourtant élu de la circonscription, n’a pas été convié. La conseillère départementale LFI Silvia Capanema, également engagée de longue date sur la question palestinienne, n’a même pas été informée. En revanche, le député communiste Stéphane Peu, la sénatrice PS Corinne Narassiguin, et Stephane Troussel président socialiste du Conseil départemental étaient bien présents.
Le signal est clair : ce n’était pas un geste pour la Palestine, c’était une opération politique verrouillée.
Pas de population. Pas d’associations. Pas de comité Palestine. Pas d’unité.
Seulement Olivier Faure secrétaire national du PS, quelques élus triés sur le volet, et des journalistes convoqués tôt le matin, pour éviter soigneusement la présence des militantes et militants sincères, de celles et ceux qui, depuis des mois, portent dans la rue et dans les quartiers la solidarité avec le peuple palestinien.
À croire que l’urgence n’était pas de soutenir un peuple en train de disparaître sous les bombes, mais de s’assurer une belle photo dans les médias.
Ce n’est pas simplement une erreur politique, c’est une trahison morale. La Palestine n’est pas un accessoire de communication. Ce drapeau ne peut pas être utilisé comme un logo de campagne, vidé de son histoire, de ses combats, de ses martyrs.
Depuis des mois, des citoyennes et citoyens de Saint-Denis, des associations, des militants du comité local pour la Palestine, des élus engagés — souvent sans mandat, sans caméra — se battent pour le cessez-le-feu, pour des sanctions, pour la fin de l’impunité coloniale. Où étaient-ils ce matin ? Volontairement laissés de côté. Invisibilisés. Effacés pour mieux scénariser le geste.
La gauche, ce n’est pas ça !
La gauche, la vraie, n’organise pas des cérémonies sans son peuple. Elle agit avec, pour, et grâce au peuple. Elle ne trie pas les soutiens en fonction de leur étiquette. Elle ne segmente pas la solidarité selon les rapports de pouvoir.
Ce 22 septembre 2025, la France reconnaît enfin l’État de Palestine. Ce moment aurait dû être l’occasion d’un grand rassemblement populaire, d’une mobilisation unitaire, d’un geste collectif porté par toutes celles et ceux qui n’ont jamais cessé d’être du bon côté de l’Histoire — sans calcul, sans caméra, sans exclusion.
Ce fut, à Saint-Denis, un coup de com verrouillé. Une instrumentalisation. Rien de plus. Et c’est insupportable.
Le 22 septembre 2025